Focus boursier
N’avez-vous pas l’impression que chaque matin, en allumant votre poste de radio ou votre télévision, les nouvelles boursières se ressemblent? C’est ainsi que tous les jours, on peut entendre : le CAC a pris 5 points, cette après-midi le DAX en perd 8, ce soir le Dow Jones clôture en baisse... Ces évolutions sont perpétuelles et si nombreuses qu’elles sont difficilement compréhensibles pour les néophytes. L&A Finance, vous propose alors de décrypter les grandes tendances des derniers mois sur les marchés boursiers, afin de mieux appréhender le contexte économique actuel.
Une prime de risque démesurée
Depuis quelques années le taux sans risque, représenté par le taux des bons du trésor, est négatif. Cela explique notamment pourquoi le rendement du livret A est inférieur à l’inflation et que l’ensemble des classes d’actifs possède un rendement à tendance baissière.
Cependant le rendement brut des actions est toujours en moyenne de 4-5% par an. Cela nous permet d’en conclure que la prime de risque associée aux actions est démesurément élevée. Cette dernière étant plus forte que les moyennes historiques, nous pouvons penser qu’elle retrouvera ses niveaux traditionnels dans les prochains mois. Ainsi mécaniquement, soit les bénéfices des entreprises vont diminuer soit le prix des actions va augmenter. Sachant que le Price Earning Ratio (PER) des entreprises est toujours centré autour d’une moyenne historique de 15, il est très probable que l’ajustement de la prime de risque se fasse par une augmentation des cours boursiers.
Les raisons de cette sous-valorisation sont multiples. En effet, les actifs volatils sont mis de côté à cause d’une réglementation plus stricte envers les assureurs et les banques. Ceux-ci doivent obtenir le meilleur rendement possible tout en limitant le risque et donc, diminuer la volatilité de leur portefeuille.
De plus, une dizaine d’année après 2008, le risque d’un blackswan (chute des cours boursiers de 50% en 6 mois) fait peur. Cette crainte, pourtant irrationnelle, est peu probable car ce genre de crise n’est pas cyclique mais bien le résultat d’une situation très spécifique. Enfin, les marchés boursiers réagissent fortement à la guerre commerciale menée par D.Trump, menaçant le commerce international.
Et si la politique économique américaine formait un grain de sable dans les rouages ?
Depuis le début de l’année 2018, un bras de fer s’est installé entre les représentants américains et chinois. Droits de douane, engagements bafoués, suppression des avantages douaniers concédés les années passées, on pourrait être tenté de se demander si D.Trump sait où il va. Sa politique internationale constamment en train de changer, il semble pourtant plus évident qu’il sait d’ores et déjà vers où le vent le mènera. En effet, cette guerre commerciale, ne profitant à (quasi) personne, ne pourra pas être soutenue indéfiniment par l’exécutif américain. D’autant plus que le modèle mercantiliste que Donald Trump semble chercher à obtenir est irréaliste. L’objectif final du 45ème président des États-Unis est de faire une démonstration de force afin de se faire élire pour un deuxième mandat lors des prochaines élections présidentielles se déroulant en fin d’année 2020. C’est d’ailleurs pourquoi, depuis peu il déclare que ce dossier est sur le point de se clore, et que c’est dorénavant un non-sujet.
Bien que, c’est ce qu’il veut passer comme message à son électorat, aucun accord concernant les points principaux de cette guerre commerciale n’a pour l’instant été convenu. Mais est-ce réellement un problème ? Est-ce que cette guerre commerciale pourrait avoir une forte influence sur les échanges internationaux et donc sur les bourses à long-terme ? A vrai dire , il est très peu probable que cette guerre commerciale ait un tel impact. Premièrement l’impact de ce conflit sino-américain sur les consommateurs américains est quasiment nulle car l’augmentation des droits de douanes sur les importations des États-Unis a été compensé par l’appréciation du $ comparé à toutes les autres devises mondiales. De plus, les 100M de droits de douanes imposés à cause de ce conflit sont une goutte d’eau dans l’océan pour l’économie mondial. Certes, les marchés ont fortement réagi aux différents péripéties de ce dossier, mais simplement car c’était la première fois que les marchés boursiers y étaient confrontés. En effet, avant de pouvoir réagir de manière rationnelle, les marchés doivent appréhender le dossier en question, ce qui nécessite toujours un temps d’adaptation.
Quid de la courbe des taux?
La courbe des taux est un outil privilégié pour les économistes. Ainsi il est traditionnellement admis que l’inversion de la courbe des taux est un signe avant-coureur de récession. Cependant, la situation est sensiblement différente aujourd’hui.
En effet, l’achat massif des obligations par la FED (Federal Reserve System) fait mécaniquement baisser les taux à échéances longues et trouble le signal envoyé par cet outil. D’autant plus que dans un contexte de récession, l’inversion de la courbe est provoquée par des tensions inflationnistes, témoin d’une surchauffe de l’économie. Cependant aujourd’hui il n’y aucun signe confirmant ce scénario. En effet la situation économique est très favorable car en raison de la croissance molle les coûts salariaux augmentent très peu, et il n’y a aucune érosion des profits.
Ainsi, nous avons avancé plusieurs éléments favorables à une forte valorisation des marchés boursiers. Pourtant, cette relance se fait encore attendre car la durabilité des taux bas divise les experts. Puisque les taux ont connu des cycles depuis de nombreuses années, certains anticipent leur hausse très prochainement. Cependant, ce scénario entrainerait la plupart des économies en récession et ferait plonger les cours boursiers. Si les taux d’intérêts devaient remonter dès demain, il est très probable que cela se fasse au travers d’une hausse du niveau des salaires. En effet, les taux d’intérêts sont fortement liés au taux d’inflation. En conséquence, si la décision politique était prise d’augmenter le niveau de rémunération minimum, cela influencerait le niveau d’inflation et le niveau des taux d’intérêts, à la hausse.
D’autres experts, en revanche, considèrent que les taux bas vont s’inscrire dans la durée pour plusieurs raisons :
- la logique actuelle des banques centrale est de permettre aux états de faire des relances budgétaires dès aujourd’hui afin de prévenir un ralentissement économique futur et d’investir dans la croissance à long-terme
- la solvabilité de certains états comme l’Italie, ou certaines entreprises, appelées « zombies », reposent sur ces taux bas
- la transition d’une économie industrielle, gourmande en capitaux, vers une économie de service qui nécessite moins d’investissements, fait qu’il y a beaucoup d’épargne disponible aujourd’hui et qu’il serait compliqué de rémunérer fortement toute cette épargne.
Si les marchés européens n'avaient pas encore donné tout leur potentiel ?
La bonne nouvelle pour l’Europe, est que le vieux-continent pourrait voir ses cours boursiers revalorisés de manière plus importante que son homologue américain.
Il faut souligner que la situation est favorable en Europe. En effet, bien que la croissance annoncée pour l’année 2019 est tout de même de 1,2-1,3%, il faut garder à l’esprit que le début d’année fut assez compliqué en terme d’activité économique. De plus, cette situation favorable est renforcée par un fort accroissement du revenu des ménages et une politique monétaire expansionniste.
Enfin, les actions américaines présentent aujourd’hui plus d’attraits aux yeux des investisseurs que les actions européennes. Cette préférence n’est pourtant pas justifiée par une différence de valeur intrinsèque. En effet, le plan fiscal inclus dans la politique menée par D.Trump- fortement favorable pour les entreprises-attire les investisseurs vers ces dernières. Ceci a pour conséquence que les non-européens vendent aujourd’hui de l’euro et les actions européennes pour investir dans les marchés américains. Ainsi, les actions européennes sont moins chers que les actions américaines et leur potentiel de revalorisation est donc plus élevé.
Si vous souhaitez approfondir ces différents sujets, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre consultant L&A Finance.
Charles Levaique, Corentin Chevalier, Anne Duranton