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Le Covid-19, d’une crise sanitaire à un bouleversement économique

A la suite de la Première Guerre Mondiale, les économies des grandes puissances mondiales, comme les États-Unis ou la France, doivent redémarrer. De plus, un sentiment d’euphorie, d’insouciance et de libération envahissent les peuples. C’est ainsi que les années 1920 deviennent les années « folles ». En effet, les pays veulent tourner la page d’une période noire et meurtrière.

Tandis que certains pays, comme la France, entament leur reconstruction et posent petit à petit les bases d’une économie plus prospère, d’autres, comme l’Allemagne, se retrouvent dans une situation économique des plus difficile. La population allemande s’enfonce de plus en plus dans la pauvreté ; les conditions du Traité de Versailles, que les parties prenantes à la Première Guerre Mondiale ont signé en 1919, sont trop difficiles à tenir.

L’économie repart pour « l’Europe de l’Ouest ». Les populations retrouvent du pouvoir d’achat et investissent des capitaux dans l’économie réelle ainsi que sur les marchés boursiers. La bourse n’est pas une activité récente. En France, la première apparait à Paris au XVIIIe siècle. 

Il s’agit d’un marché sur lequel sont négociés (achetés et vendus) des instruments financiers comme des actions, des devises, des obligations, des matières premières… Ce marché est dirigé par la loi de l’offre et de la demande. Ainsi, plus la demande sera forte sur un titre financier, plus celui-ci prendra de la valeur et inversement. Le but premier des investisseurs est de revendre leurs titres financiers en effectuant la meilleure plus-value possible. A ses débuts, la bourse fonctionnait via un système d’enchères à la criée. Lors des années vingt, ce marché prend une place de plus en plus importante chez les épargnants. Alors que sa popularité s’envole aux États-Unis, celui-ci est stoppé net en 1929 : c’est le premier krach boursier de l’histoire.

1929 : Une crise initialement financière

Le Krach boursier de 1929 provoque la plus importante crise économique connue au XXe siècle. A l’époque, les investisseurs cherchaient à acheter des titres boursiers à crédit, dans le but de les revendre le plus rapidement possible et ainsi encaisser un maximum de gains. Or, à ce moment-là, la production américaine s’essouffle peu à peu. Les capitaux étaient alors injectés dans la spéculation boursière, délaissant ainsi le financement de l’économie réelle.

Les marchés boursiers ne reflétaient plus la réalité économique. Bien qu’économiquement, le pays reculait peu à peu, la production industrielle commençait à baisser. En effet, les américains investissaient massivement leurs capitaux sur les marchés boursiers, plutôt que dans l’économie réelle, créant alors un phénomène d’asphyxie. Lors du premier trimestre, les cotations s’envolèrent. Par conséquent, les investisseurs percevaient des bénéfices importants alors que l’économie reculait. De ce fait, aucun acheteur n’était présent pour acheter des actions totalement sur-cotées. L’effondrement des marchés était donc inévitable, puisque l’objectif premier des marchés financiers est de proposer des valeurs à l’achat ainsi qu’à la vente. Or, lorsque la demande à la vente est supérieure à la demande à l’achat, l’une des seules solutions pour liquider les actifs est d’en “brader” le prix. L’effondrement fût ainsi brutal et soudain.

Cette crise, à prime abord financière, entraîna une crise économique. La crise toucha directement les entreprises. Les banques furent réticentes à accorder des crédits aux ménages. La consommation de la population chuta de plus belle pour aboutir à une crise sociale des plus inquiétante. 

Un cercle vicieux s’installe donc. Les ménages peinent à rembourser les prêts accordés par les banques. Ces dernières sont alors dans une situation précaire, certaines font même faillite. Voyant la fragilité des banques, les clients retirèrent leurs fonds par sécurité ; vient alors une crise bancaire.

La crise, partie des USA, toucha petit à petit le reste du monde. Elle prit alors, une ampleur mondiale. Les États eurent le réflexe de se replier sur eux-mêmes et adoptèrent des mesures protectionnistes. Certaines monnaies furent comme la livre sterling, le nombre de chômeurs explosa, les soupes populaires se multiplièrent, les extrêmes politiques montèrent peu à peu et le monde replongea dans des conflits internationaux ; c’est ainsi qu’explose la Seconde Guerre mondiale.

Il faudra en attendre la fin pour que petit à petit, et jusque dans les quarante années qui ont suivi, le monde que nous connaissons actuellement arrive à son apogée ; le plein emploi : les Trente Glorieuses. Une inflation insolemment positive durant plusieurs décennies, l’organisation du libre-échange et d’un marché commun en Europe, etc.

Tout semblait aller pour le mieux et pourtant…

2008 : Une crise de liquidités

Le XXIe siècle connait, dès ses débuts, une crise économique massive. Ce sont des États-Unis que celle-ci part. Les banques ont accordé généreusement des crédits aux personnes en faisant la demande, comme des institutionnels ou des particuliers. Ces crédits étaient à taux variables et titrisés, c’est-à-dire émis en échange d’obligations. En effet, tout comme les particuliers, les banques et les États ont besoin de financements pour leur développement. Ainsi, ils empruntent de l’argent en échange d’obligations, sorte de « reconnaissance de dette », que l’on peut acheter sur les marchés financiers.

C’est ainsi que l’acquéreur de l’obligation aura droit, chaque année, au versement d’un intérêt appelé coupon et au remboursement de « sa dette ». Plus la capacité de l’emprunteur à rembourser est fiable plus le risque est faible. Cela justifie donc que les obligations émises par les États sont considérées comme des investissements peu risqués.

En 2008, afin de déterminer le risque de ces obligations et donc leur valeur, des agences étaient chargées de noter la situation financière de l’emprunteur. Si le client avait un taux d’insolvabilité faible, l’agence attribuait la note AAA à l’obligation, et dans une situation inverse la note de A.

Alors que les banques et les agences de notations travaillaient quasiment main dans la main, cette relation imbriquée révéla un effet pervers, puisque les entités faisant la demande de crédit devaient presque “s’approprier” leur propre note.

Force est de constater qu’il est impossible d’être juge et parti. Les marchés financiers commencèrent, une fois de plus, à être déconnectés de l’économie réelle alors que la spéculation faisait rage. Lorsque qu’il fut impossible de reconnaitre les créances solvables de celles qui ne l’étaient pas, de savoir ce que reflétaient vraiment les notes délivrées par les agences de notation, le marché pris peur.

Lorsque le marché prend peur, les investisseurs cherchent à revendre à tout prix et au plus vite pour s’échapper d’une barque qui semble prendre l’eau. Ce phénomène de panique a d’ailleurs tendance à accélérer le krach en présence et est d’autant plus dangereux.

Alors que les acteurs économiques cherchaient à se rassurer en retirant le peu d’argent liquide qu’il leur restait, ce phénomène eut un effet désastreux sur les petits épargnants américains qui avaient contracté bien trop de crédits lorsque tout semblait aller pour le mieux. Les banques cherchèrent à récupérer leurs créances, au taux le plus avantageux pour éviter de perdre encore plus de terrain.

C’est alors que les taux variables s’envolèrent ; il fut très difficile de rembourser quoi que ce soit. Les banques, qui avaient pris des garanties en cas de non remboursement, comme des garanties hypothécaires sur l’immobilier détenu par les américains, se retrouvèrent soudainement avec de gigantesques parcs immobiliers saisis, quasiment impossible à conserver en l’état. Les banques se déchargèrent en masse de cette pierre devenue trop lourde à porter, mais comme nous l’avons dit plus haut, lorsqu’il est constaté plus d’offres que de demandes sur un marché, ce dernier s’effondre ; ce qui arriva une fois de plus.

2020 : Une crise initialement sanitaire

Nous connaissons aujourd’hui une crise économique majeure et sans précédent, puisqu’elle est d’origine sanitaire. Le point commun de toutes ces crises, bien que les origines en soient différentes, réside dans son universalité. En effet, elles ont touché de nombreux pays, toutes classes sociales confondues.

C’est à la fin du mois de décembre 2019 que les médias commencent, peu à peu, à relayer l’information suivante : un virus trouvant son origine en Chine, plus exactement, dans la ville de WUHAN, contamine largement la population du pays. Alors que le reste du monde assiste de loin à cet évènement d’importance notable dont personne ne semble vraiment en prendre la mesure.  Pourtant, dès le 27 janvier 2020, les bourses s’agitent et montrent de plus en plus de volatilité. Le CAC 40, par exemple, enregistre une baisse de 2,68%. A l’époque, 6000 personnes étaient infectées en Chine et le pays enregistrait 132 décès.

Le paysage économique mondial commence à changer de visage ; les économistes prévoient un premier trimestre morose alors que l’année 2019 enregistrait de bons résultats boursiers. Et pour cause, la Chine cesse de vivre peu à peu, les chaînes de montage s’arrêtent, des usines ferment, un confinement de la population est ordonné, les exportations sont stoppées net. La Chine, de par son exportation, contribue de loin aux bons résultats financiers de multinationales, mais si la main d’œuvre vient à manquer, c’est alors tout un système qui s’effrite quand on sait que la production chinoise représente 32% de la croissance mondiale.

Le CAC 40 connait la plus forte baisse de son histoire sur ce deuxième trimestre 2020 : environ 40% mais alors qu’un vent de panique post 2008 commence à souffler, l’État français a mis en place des mesures sans précédent afin de soutenir l’économie du pays : c’est le retour de l’État providence.

L’Etat contrattaque

Tout d’abord, l’État a mis en place un fond de solidarité afin d’allouer une aide maximale de 1 500 euros pour les très petites entreprises, les micro-entrepreneurs, les indépendants et professions libérales. Cette aide n’est pas sans condition, l’entreprise la recevant devra notamment démontrer d’un chiffre d’affaires inférieur à 1 million d’euros ainsi qu’un bénéfice annuel imposable inférieure à 60 000 euros et pour finir, une perte de chiffre d’affaires d’au moins 50% sur les mois de mars, avril et mai 2020 par rapport à l’année précédente.

Ce sont principalement les pouvoirs publics, ainsi que certains donateurs privés comme les assurances, qui viennent au renfort. Cette aide est accessible sur simple déclaration via le site « impot.gouv.fr ». Le but de ce dispositif est d’aider les professionnels à couvrir une partie de leurs frais pendant la période d’inactivité.

L’État a également tenu à l’aménagement de plusieurs autres mesures impactant directement la trésorerie des entreprises : suspension des loyers commerciaux, reports de charges et d’impôts indirects…

Aménagement des charges fiscales et sociales

Certains professionnels pourront même bénéficier d’une annulation de charges sociales et fiscales pour les mois de mars, avril et mai 2020. Toutefois cette faculté est réservée exclusivement aux Très Petites Entreprises, de moins de 10 salariés, contraintes à la fermeture administratives suite au décret du 23 mars 2020.

Les autres pourront demander seulement un report de leurs charges sociales auprès de l’URSAFF. Le paiement pourra être reporté dans un délai maximal de 3 mois. Cette demande peut porter sur toute ou partie de la créance. Cependant, les professionnels doivent impérativement déclarer et transmettre la déclaration sociale nominative (DSN).

Il est également possible de solliciter, auprès de la Direction Générale des Finances Publiques, un report de paiement concernant les charges fiscales comme l’acompte d’impôt sur les sociétés par exemple.

Chômage partiel 

Ces dispositifs sont complétés par deux grandes autres mesures : la mise en place du chômage partiel et des prêts garantis par l’État.

Pour éviter que les entreprises contraintes par une baisse d’activité, voir un arrêt total, ne licencient leurs salariés, l’État est là encore intervenu. Un dispositif d’activité partielle a été mis en place pour que les salariés soient maintenus. Les heures non travaillées, pendant toute la période du confinement, pouvaient être prises en charge à 100% par l’État et par l’Unedic. Cette prise en charge évolue néanmoins au 1er juin à 85% de prise en charge dans la limite de 4,5 fois le SMIC.

Si les salariés, mis au chômage partiel, n’ont pu percevoir que 84% de leur salaire net, des indemnités complémentaires peuvent être allouées et l’employeur, pourra se voir indemniser de la différence par l’Agence de Services et de Paiement (ASP), à hauteur du salaire versé. Le gouvernement a assorti ce dispositif de sanctions afin d’éviter d’éventuelles fraudes.

Prêts garantis par l’Etat 

Afin de soutenir les entreprises réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 1,5 milliard d’euros en France et employant moins de 5000 salariés, le gouvernement a choisi de se porter garant des entreprises qui feraient une demande de prêt de trésorerie. Il s’agit d’un prêt accordé à une entreprise par la banque de son choix. L’État apporte son soutien à hauteur de 90% du montant. La prise en charge peut être moindre dans d’autres situations mais ce qu’il est important de relever est que ce crédit est à taux 0% pour la première année avec un report de mensualités pouvant aller jusqu’à 5 ans.

Il est toutefois important de souligner que les banques courent un risque, puisque ce n’est pas 100% du prêt qui leur est garanti et ces dernières ne pourront prendre de suretés personnelles sur les dirigeants obligeant ainsi ces dernières à augmenter leurs fonds propres.

Immobilier

Une des grandes problématiques posées par la mise en place du confinement général, a été celle des personnes en situation de précarité ou sans abris. L’État a alors voté des mesures visant à protéger les particuliers, notamment, leurs droits au logement. En effet, la trêve hivernale a d’abord été prolongée de deux mois soit jusqu’au 31 mai, puis l’Assemblée Nationale a voté un amendement visant à prolonger cette mesure jusqu’au 10 juillet prochain.

Également pour les plus démunis, l’État a décidé de maintenir les 14 000 places d’hébergements d’urgence afin d’éviter que les bénéficiaires se retrouvent à la rue. De surcroît, plus de 7 000 de ces places seront transformées, au-delà de cette période, en habitation pérenne.

L’État Français a eu pour volonté d’intervenir dans l’économie afin que les professionnels, quelle que soit leur taille ou leur secteur d’activité, surmontent au mieux cette période difficile. Néanmoins, il s’agit principalement d’aménagements temporaires. Il est donc crucial que l’économie reparte de l’avant au plus vite en vue de soutenir les efforts mis en place. 

 

Marie-Charlotte Moulin et Anne Duranton

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