Investir dans l'art
Accueil » Placement financier » Investir dans l’art

Investir dans l'art

Habituellement, le conseil en gestion de patrimoine se tourne vers des solutions d’investissement qui font partie des deux grands domaines d’investissements que sont l’immobilier et le financier. Ce type de placements que l’on pourrait qualifier de «classiques» permettent de réaliser des investissements avec des risques relativement contrôlés. Les stratégies patrimoniales sont alors fondées sur un arbitrage entre ces deux sortes d’investissements.

Toutefois, il ne faut pas se cantonner à la considération selon laquelle ce sont les uniques investissements réalisables à ce jour. Il existe d’autres types d’investissement dont les caractéristiques et les enjeux varient. Parmi ces investissements, on compte l’art. Par art, on entendra ici l’ensemble des créations issues d’une démarche artistique, englobant donc tableaux, sculptures ou tout autres objets à portée artistique imaginés par les plus grands créateurs. Le plus souvent, on trouvera des objets d’art dans des musées. Toutefois, la digitalisation permet de consulter des millions de supports artistiques en ligne, des professionnels s’emparant de ce sujet en proposant de vrais musées virtuels.

lire la suite…

Un Soulages, un de ces hommes minces de Giacometti, une sculpture, un élément de mobilier du style mid-century modern ou encore une œuvre de Dall-E 2 seront ainsi compris dans cette catégorie.

Le marché de l’art est alors le lieu dans lequel s’opère l’ensemble des transactions d’achat et de vente relatives à des œuvres d’art. L’art existe depuis des temps immémoriaux et pour cette raison, le monde regorge de trésors artistiques appartenant à toutes les époques. Toutefois, dans l’histoire, il a souvent été réservé à une élite, dans sa création comme dans les transactions qui résultaient des échanges d’œuvres d’art. Un milieu élitiste donc, réservé au gotha.

Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Comme vous le savez sûrement, il existe une multitude de moyens afin de produire une œuvre. La création artistique s’est  donc démocratisée, multipliant les opportunités de réalisation et par extension, d’échanges. Le nombre de supports artistiques croît de façon exponentielle, corrélativement au marché de l’art au niveau mondial, dont le volume d’affaires en 2021 s’élève à 17,08 milliards de dollars.

Cette croissance est une aubaine pour les acteurs de ce marché, professionnels (foires, galeristes, artistes, maisons de vente) comme particuliers (acheteurs et vendeurs). Et cette expansion n’arrive ni n’évolue seule. Elle s’accompagne d’une révolution sur le marché de l’art, notamment avec l’arrivée des NFTs, ces jetons non-fongibles, étant tout bonnement des certificats de propriété d’objets numériques. Récemment, à la mi-octobre 2022, le ministre délégué de la Transition numérique Jean-Noël Barrot a annoncé que le gouvernement subventionnerait l’industrie des NFTs lors de l’inauguration de la NFT Factory à Paris. De l’argent public serait alors investi afin de soutenir cette industrie naissante dont l’économie est tout de même aujourd’hui en berne. La France entend alors être pionnière sur le sujet des NFTs dans le monde, malgré le fait que ce thème parcourt la toile depuis bien longtemps. On peut donc questionner l’aspect novateur de cet engagement de la France sur le marché des NFTs.

Toutefois, cette implication est le symptôme d’une réalité : la France veut se positionner comme un acteur majeur de l’art et de la culture dans le monde, avec comme parangon de cette volonté la capitale, Paris. Ces dernières années, les contextes économiques, politiques et géopolitiques ont favorisé l’accession de la France à cette place d’acteur majeur du marché de l’art sur la scène internationale. Le Brexit a écarté Londres, qui était pourtant le berceau de multitudes de transactions et l’endroit ayant vu naître les deux plus grandes maisons de ventes aux enchères, et le conflit entre les Etats-Unis et la Chine refroidissent ceux souhaitant investir, qui considéraient pourtant New-York et Pékin comme des leaders sur le marché de l’art.

La France capte aujourd’hui une grande partie de ceux souhaitant investir dans l’art, que ce soit des investisseurs professionnels ou novices, devenant une lumière dans l’obscurité pour les investisseurs sur le marché de l’art. Néanmoins, avant de se lancer dans de tels investissements, il faut connaître les tenants et les aboutissants de ce marché. C’est tout l’objet de cet article qui vise à vous expliquer :

  • Comment fonctionne le marché de l’art ?
  • Comment investir sur ce marché ?

Comment savoir que l’on doit investir dans l’art ?

Petit guide du marché de l’art

Comme expliqué dans notre courte mais pas moins complète introduction, le marché de l’art est l’endroit où s’échangent les œuvres d’art. Toutefois, ce marché est plus complexe que ce simple compendium et pour y investir, il faut prendre conscience de son fonctionnement et des mécanismes qui le régissent.

D’une part, il existe deux marchés de l’art : un premier et un second.

  • Le premier marché de l’art regroupe l’ensemble des ventes initiales d’une œuvre d’art. Ce marché concerne majoritairement des œuvres produites dans une période récente car n’ayant jamais été échangée précédemment, donc englobe des œuvres de l’art contemporain (fin du XXième siècle et début du XXIième siècle). Les échanges s’effectuent par le biais de plusieurs canaux : des artistes vendant directement à des collectionneurs, des marchands d’art organisant des ventes de lots ou des galeries d’art qui proposent d’exposer.
  • Le second marché de l’art regroupe l’ensemble des ventes qui ne sont pas la première vente d’une œuvre. Ce sont donc l’ensemble des ventes d’œuvre qui ont déjà été vendues au moins une fois auparavant. Généralement, les ventes sur ce marché s’opèrent chez les maisons de ventes aux enchères qui sont un acteur majeur du second marché de l’art. Toutefois, ce type d’échange peut également être réalisé en galerie ou encore par le biais de vente de gré à gré. Pour faire un compendieux, ce marché est celui de la revente d’œuvre d’art.
lire la suite…

Il existe donc plusieurs canaux par lesquels on peut investir sur le marché de l’art. Si vous êtes un aficionado d’art contemporain, le premier marché de l’art saura vous séduire. En revanche si vous êtes plutôt à la recherche de pépites surannées, le second marché de l’art aura le potentiel pour vous plaire.

D’autre part, le mécanisme de fixation des prix sur le marché de l’art est un paramètre important à prendre en compte lorsque l’on souhaite investir sur ce marché. La valeur d’une œuvre d’art est déterminée par ce qu’on appelle sa cote. Il existe plusieurs façons de déterminer la cotation d’une œuvre d’art, même si aucune méthode standardisée n’existe aujourd’hui sur ce marché. Des professionnels s’attèlent néanmoins à proposer des informations nécessaires afin de déterminer la cote d’une œuvre. Il existe encore une fois des spécificités propres aux deux marchés de l’art.

La valeur initiale de l’œuvre lorsqu’on se place dans le cadre du premier marché de l’art, sa cotation, est réfléchie puis déterminée par l’artiste ou la galerie qui expose et propose cet artiste. La côte n’est pas fixée de manière totalement arbitraire dans la mesure où elle doit prendre en compte plusieurs paramètres :

  • l’historique de l’artiste que ce soit au niveau de ses expositions déjà produite ou au niveau des ventes qu’il a déjà eu l’occasion de faire ;
  • les caractéristiques de l’œuvre en elle-même, en prenant par exemple en compte sa taille, les matériaux dans lesquels elle est faite, la technique utilisée par l’artiste ou encore le temps nécessaire à la création de l’ œuvre.

Si on se place cette fois sur le second marché de l’art, la côte d’une œuvre d’art et déterminé par d’autres paramètres :

  • La notoriété de l’artiste ;
  • Le lien de l’artiste avec les institutions muséales et les galeries, avec par exemple des artistes qui collabore avec des galeries de premier plan ;
  • L’ancienneté de l’œuvre ainsi que la rareté des matériaux utilisés ou de la technique employé afin de réaliser l’œuvre ;
  • L’historique de cet artiste auprès des maisons de ventes aux enchères et les institutions muséales.

Quand on parle de marché de l’art, il est également important de prendre en compte une caractéristique inhérente à ce marché et qu’il est nécessaire de conscientiser lorsque l’on souhaite investir dessus :  un agent économique souhaitant investir sur ce marché est soumis à une importante volatilité. En effet, la cote d’un artiste est tout à fait fluctuante. Il suffit d’un événement pour changer la donne en bien ou en mal. Cette volatilité s’explique par le fait qu’il existe une forte spéculation exercée par l’ensemble des agents économiques de ce marché. Pour donner un exemple qui a tout à fait arrangé les personnes ayant investi dans les œuvres de l’artiste peintre Soulages, son décès il y a peu a créé un engouement pour son œuvre qui a drastiquement augmenté la valeur de sa cote.

Les institutions agissant sur ce marché ont également un rôle majeur à jouer dans la mesure où elles influencent grandement la cote des artistes. Il suffit qu’une galerie se détourne d’un artiste ou en coopte un autre pour que la cote de l’un diminue dans des proportions désavantageuses pour ceux qui auraient pu investir sur lui et pour que la cote de l’autre génère en revanche des opportunités d’investissement.

Un dernier aspect important du marché de l’art est celui de l’opacité qui y règne. Comme vu précédemment, la cotation d’un artiste n’est pas réglementée légalement et les artistes comme les galeries ou maisons de ventes aux enchères peuvent gonfler artificiellement le prix d’une œuvre d’art (dans des proportions réalistes bien évidemment, enfin on l’espère) afin de réaliser une plus-value plus intéressante à la vente. Les délits d’initiés sont monnaie courante sur ce marché qui ne fait que très peu appel à la rationalité. Tant qu’une demande existe pour une œuvre, on peut doper le prix de cette dernière. Il n’y a qu’à voir les prix exorbitants que certains de Bored Ape ont pu atteindre…

Ainsi, le marché de l’art est un marché soumis à un risque important du fait de ses deux caractéristiques de volatilité et d’opacité. Alors que l’enjeu d’appropriation de l’information est aujourd’hui capital, il est complexe pour les investisseurs d’y avoir accès aujourd’hui sur ce marché, tant les acteurs leaders de ce marché ont le monopole des informations.

image
image
image
image

Par quels moyens investir dans l’art ?

Maintenant que nous avons réalisé un tour d’horizon de ce qu’est le marché de l’art dans son essence même, nous allons rajouter un coup de pinceau à la toile déjà en création pour comprendre les différents canaux par lesquels vous pouvez investir dans l’art comme des professionnels.

Autrement dit, à quels endroits acheter une œuvre d’art pour investir ? Il existe plusieurs cas de figures permettant d’acquérir des biens artistiques.

Les premières qui peuvent venir à l’esprit sont les maisons de ventes aux enchères, qui monopolisent une grande partie des échanges sur le marché de l’art. Le fonctionnement de la vente dans le cadre de ses maisons est simple : un commissaire-priseur supervise la vente et c’est la meilleure offre qui remporte les enchères. C’est donc à celui qui sortira le plus gros ticket que reviendra l’œuvre d’art présentée lors de la vente. Bien évidemment, les maisons de ventes aux enchères perçoivent une commission sur les ventes qu’elles réalisent et qui sont généralement à hauteur de 25 % du prix de vente.

lire la suite…

Il existe une déclinaison des maisons des enchères traditionnelles : les ventes aux enchères en ligne. Le phénomène de digitalisation a simplifié l’accès à ce type de pratique.

Les maisons de vente les plus connues dans le monde sont Christie’s et Sotheby’s, mais la France n’est pas nécessairement à la traîne dans la mesure où elle a vu naître des maisons comme Artcurial ou Aguttes.

Les marchands d’art sont également un canal par lequel les investisseurs peuvent passer afin d’investir sur le marché de l’art. Le rôle de ces marchands est de scruter le marché de l’art afin de trouver les meilleures opportunités qui soient puis d’acheter des œuvres qui pourraient intéresser une clientèle particulière. Les marchands d’art se rémunèrent par des rétrocommissions qui représentent environ 10 % du prix de vente de l’œuvre d’art. L’avantage de ces marchands d’art est qu’ils peuvent répondre à un cahier des charges particulier tout en ne se restreignant pas à une zone géographique particulière ou à un artiste en particulier.

Enfin, les galeries d’art sont un troisième lieu privilégié afin de réaliser des transactions sur le marché de l’art point d’abord des lieux d’exposition, ce sont également des lieux de commerce sur lesquels s’échangent les œuvres. Les galeries vont promouvoir les collections de certains artistes et donc mettre en avant leurs talents, leur permettant ainsi d’acquérir une certaine notoriété sur le marché.

Tout comme les artistes, les galeries peuvent participer à des foires internationales comme Art Basel, qui a remplacé la foire internationale d’art contemporain (FIAC).

Bien évidemment, le prix des œuvres d’art est fixé conjointement par la galerie et par l’artiste. Et bien évidemment également, la galerie est commissionnée à la vente.

Sachez également qu’il est possible de participer au capital d’une galerie, au même titre qu’un investissement dans des parts de SCPI. Dans ce cas, ou bien soin des rendements liés à cet investissement. (cf. Article de la Tribune)

Pourquoi investir dans l’art ?

Une grande question demeure : pourquoi investir dans l’art ? 

Du fait de la forte volatilité et de l’opacité qui règnent sur ce marché, il faut que cet investissement constitue un investissement passion. Cela signifie donc qu’il ne faut pas mettre tous ses œufs sur le marché de l’art et qu’il faut constituer une stratégie d’investissement solide avant de considérer l’option d’investir sur le marché de l’art.

Une fois cette stratégie établie, investir dans l’art peut tout à fait être une option, que l’on soit un passionné de ce domaine ou que l’on souhaite tout simplement commencer à s’intéresser à son histoire et à son univers. Il ne faut pas que votre investissement soit conduit par de l’ostentation. à l’instar d’une belle voiture ou d’un bon vin, la passion doit prévaloir sur le fait de vouloir impressionner ses pairs.

lire la suite…

Et si jamais vous avez déjà eu l’occasion de vous constituer une belle collection d’œuvres d’art, vous pourriez penser à l’exposer au grand jour au public afin de transmettre à tout un chacun la beauté que renferme les œuvres d’art. Vous pourriez alors penser à un des avantages de l’investissement sur le marché de l’art : la fiscalité. Comme certains François Pinault ou autre Bernard Arnault (il n’est pas nécessaire d’atteindre leur capital, pas d’inquiétude), si vous prenez un statut légal d’entreprise, vous pouvez donc exposer publiquement vos œuvres et déduire de vos impôts le montant d’acquisition. Il existe donc un avantage au niveau de la fiscalité dans une certaine mesure.

Pour terminer, comme tout investissement, l’investissement sur le marché de l’art requiert une expertise qui n’est pas forcément acquise chez tout le monde. Il faut donc s’entourer de conseillers professionnels, comme des Art Advisor ou des courtiers en art. De plus, vous pouvez déjà vous renseigner au sujet des cotations d’œuvres d’art via des plateformes internet comme Artprice. Artprice est un leader mondial de l’information sur le marché de l’art. Le site couvre plus de 30 millions de cotes et suit plus de 700 000 artistes. Évidemment, comme pour quasiment l’ensemble des conseils, ces derniers engendreront des frais, mais si la passion vous guide, ils ne sont qu’une poussière face à la satisfaction qu’acquérir une œuvre vous procurera, valant plus que des millions. Le reste, c’est à l’histoire de l’art que cela appartiendra…